Communiqué de presse

Saint-Boniface, le 11 mai 2018

Communiqué de presse – pour diffusion immédiate

 Pour l’année du bicentenaire, un budget au gout amer

Le 10 mai 2018, l’administration de l’Université de Saint-Boniface a présenté le budget 2018-2019 qui sera proposé pour approbation au Bureau des gouverneurs le 28 mai. Ce budget propose des

compressions budgétaires qui affectent l’offre des cours, le service direct aux étudiants, tout en augmentant de manière substantielle les frais de scolarité. Deux postes de professeurs à terme ne seront pas reconduits et, dans une institution postsecondaire où les ressources professorales sont déjà très limitées, cela représente une volteface à la mission d’une université en milieu francophone minoritaire.

L’administration de l’Université justifie ces mesures par la baisse des subventions provinciales de 0,9 %. Or, compte tenu de la saine gestion des finances de l’établissement, qui a permis de générer des surplus comptables depuis plusieurs années, ainsi qu’un fonds de réserve important, on est en droit de se demander pourquoi les principales solutions proposées sont des compressions dans l’offre

d’enseignement et une augmentation des frais de scolarité. À plus forte raison, dans la mesure où le gouvernement provincial recommande une réduction de 15 % des postes de direction. À cet égard, plusieurs universités et collèges manitobains ont suivi cette recommandation, alors que cette dernière demeure étonnamment encore à l’étude à l’Université de Saint-Boniface. Il est surprenant que la

direction demande des sacrifices à ses étudiants et à ses employés, alors qu’elle ne donne pas d’entrée de jeu l’exemple.

Selon nous, le budget 2018-2019 constitue une stratégie comptable à court terme qui témoigne d’un manque incontestable de créativité et de combattivité face à un contexte d’austérité. En cette année de célébrations du bicentenaire de l’éducation en français au Manitoba, nous aurions espéré une vision plus ambitieuse pour défendre la mission académique de notre institution et pour réaffirmer nos responsabilités envers la communauté.

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Pour des renseignements supplémentaires, veuillez communiquer avec : Jean Valenti, président
Association des professeurs et professionnels de l’Université de Saint-Boniface (APPUSB) Tél. 204-237-1818, poste 455
Courriel : [email protected]

3 avis sur « Communiqué de presse »

  1. Je suis concernée par la volonté de l’administration d’envoyer nos étudiant.es à l’Université du Manitoba pour compléter des cours nécessaires pour une majeure ou mineure (p. ex. en mathématique), ou même pour un programme au complet comme le programme coop en microbiologie-biochimie. Malgré le fait que d’autres départements soient obligés d’avoir recours à une telle démarche, ceci ne devrait pas devenir la règle ou le modèle à suivre. L’administration semble confiante que nous n’allons pas perdre d’étudiant.es en adoptant cette procédure, mais je n’en suis pas convaincue.

    Les membres du Comité consultatif en santé mentale se sont rencontrés plusieurs fois en 2017-2018 afin de créer un plan stratégique pour adresser les besoins de nos étudiant.es concernant leur santé mentale, spiritualité et bien-être général. Beaucoup de temps et de ressources financières ont été déployés pour le développement de ce plan. Nous avons été informés la semaine dernière que ce plan était maintenant mis de côté, et qu’il faudrait puiser dans les ressources actuelles et faire preuve de créativité pour identifier des façons de répondre aux besoins de nos étudiants. Encore une fois, il me semble que le bien-être des étudiants ne semble pas une priorité. L’administration maintient que l’appui aux étudiant.es est primordial, mais que tout ce qui n’est pas « essentiel » devait subir des compressions afin d’arriver à un budget équilibré. En fin de compte, doit-on comprendre qu’un service adéquat en santé mentale et bien-être n’est pas considéré comme essentiel ?

  2. Administrer une institution ne se résume pas à un exercice comptable. Il n’y a rien dans la comptabilité qui puisse donner une orientation à une action, dans un sens ou un autre. Car, justement, c’est le « sens » qui lui manque. Le sens comme orientation et le sens comme signification de l’action. Pour bien administrer et donner une direction à une organisation comme une université, il faut des valeurs sur lesquelles les actions se fondent.

    Or, réagir et prendre des décisions strictement en fonction de chiffres comptables n’a rien à voir avec le « courage », contrairement au discours tenu par les membres de la haute direction. C’est un exercice froid, abstrait et calculateur que n’importe lequel ordinateur peut effectuer. Un ordinateur n’est pas courageux. Le courage se mesure à la volonté persistante d’actualiser nos valeurs et convictions, malgré les difficultés.

  3. L’obsession économique ou comment gérer une université comme une entreprise

    (Si un système) produit des individus animés de l’instinct du gain et du goût de l’épargne, dotés d’un comportement rationnel tendant à l’effet maximal (efficacité, profit, etc.), il ne s’ensuit nullement que les hommes sont de telles abstractions. (…) L’économie est un système et un déterminisme de rapports qui transforment sans cesse l’individu en « homme économique ». (…) (L’économie) fait de l’homme une abstraction déterminée : elle souligne, renforce et rend absolues certaines de ses capacités, mais en ignore d’autres, parce qu’elles apparaissent comme casuelles et inutiles au sein du système économique.
    Karel Kosik, La dialectique du concret, François Maspero, 1978, p.64

    « Le souci est le monde dans le sujet (…) Ce n’est pas l’homme qui a le « souci », mais le souci qui possède l’homme ». Karel Kosik, Ibid., pp. 46-47. (…)
    L’homme préoccupé, qui est-il ? C’est un être profondément perturbé dans la structure même de son rapport à la vie car c’est un être confronté à un univers (…) de plus en plus abstrait et dépersonnalisé. La préoccupation répond à cet engagement de l’homme dans un monde largement hétéronome, si lointain et réifié qu’il en devient menaçant ; elle thématise donc sur un mode affectuel une forme de dépersonnalisation objective qui pénètre le sujet et qui le colonise dans ce que son existence a de plus intime. (…) L’être est pris dans et par la préoccupation, parce que son rapport au monde est perverti par cette disposition existentielle négative.
    Pascal Nicolas-Le Strat, « Politiques de la surimplication », Revue Multitudes
    http://www.multitudes.net/politiques-de-la-surimplication/

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