Lettre au Président du Bureau des gouverneurs et au Recteur

Saint-Boniface, le 17 mai 2018

Monsieur Antoine Hacault
Président
Bureau des gouverneurs
Université de Saint-Boniface

Monsieur Gabor Csepregi
Recteur
Université de Saint-Boniface

Monsieur le Président du Bureau des gouverneurs,
Monsieur le Recteur,

Cette lettre veut exprimer la vive déception des membres du corps professoral de la Faculté des sciences quant aux coupures importantes proposées dans le budget 2018-2019. La Faculté s’est sentie particulièrement visée, vu le non-renouvellement de deux postes à terme, l’un en mathématiques, l’autre en microbiologie (volet coop).

La mission de l’Université est de former les jeunes pour, entre autre, répondre aux besoins de la communauté (énoncé de mission et axes 1 et 4 de la Planification stratégique de l’USB). En particulier, la formation des enseignants des écoles de la DSFM et des écoles d’immersion est d’une importance majeure pour la communauté. Or, depuis bon nombre d’années, les compétences en mathématiques et en sciences des élèves de ces écoles s’avèrent plutôt faibles (voir sources en fin de lettre), ce qui est très inquiétant puisqu’il s’agit de matières fondamentales. Plusieurs enseignants des écoles françaises et d’immersion ont été formés à l’USB et plusieurs d’entre-eux ont, par ailleurs, suivi leur formation universitaire initiale dans notre faculté avant d’accéder au programme en éducation. Si des lacunes sont mesurées dans l’apprentissage des mathématiques et des sciences dans ces écoles, la seule réponse possible est de fournir aux enseignants le moyen de renforcer leurs compétences dans ces matières. La coupure d’un des trois postes en mathématiques à la Faculté des sciences suggère que l’Université ne comprend pas le besoin criant d’une meilleure formation pour les enseignants en mathématiques en milieux scolaires francophones.

Le Département des sciences mathématiques possède également la responsabilité d’enseigner des cours de service à l’intention des étudiants de plusieurs programmes de l’USB, cours qui permettent à ces étudiants d’améliorer leurs compétences quantitatives. Avec la perte d’un poste de professeur, il deviendra très difficile d’offrir aux futurs enseignants de mathématiques la formation avancée dont ils ont besoin tout en continuant à enseigner les cours de service.

Pour ce qui est du poste en microbiologie et coordination du volet coop, rappelons que ce dernier est l’unique programme de la Faculté des sciences et la Faculté des arts qui s’aligne avec les priorités fédérales concernant l’apprentissage lié au travail, tel que présenté au budget fédéral 2017. Les avantages non négligeables d’un tel programme sont nombreux pour tous les partenaires: communauté, étudiants, employeurs locaux et nationaux et l’Université (recrutement, diplômés hautement qualifiés, visibilité et réputation rehaussée de l’établissement, rétroaction des employeurs sur la qualité et la pertinence des programmes d’études, liens avec la communauté, etc.). Durant leur stage, les stagiaires appliquent les connaissances acquises en classe, l’employeur enrichit la formation du stagiaire tout en tirant profit de son travail et l’Université se fait connaître auprès des employeurs de la communauté pour le bien de ses futur.es finissant.es.

Le non-renouvellement du poste de coordinateur coop affectera directement le volet coop en plus d’avoir un effet négatif sur le Baccalauréat ès sciences avec majeure conjointe en biochimie-microbiologie (volet régulier) et le Baccalauréat ès sciences général, car le poste de coordination du volet coop comprend également de l’enseignement, plus particulièrement l’enseignement des laboratoires de microbiologie (niveau de confinement 2) et l’utilisation du nouveau laboratoire NC2+. Rappelons que la microbiologie est un des fondements essentiels du programme de majeure conjointe biochimie-microbiologie et du Baccalauréat ès sciences général. La tâche d’enseignement de ces laboratoires est particulière parce qu’elle demande un suivi minutieux et continu des pathogènes et des expériences des étudiants tout au long de la semaine en plus d’une grande connaissance et expérience en biosécurité pour s’assurer que les étudiants, avec peu d’expérience dans ce domaine, soient bien encadrés et travaillent de façon sécuritaire conformément aux lois provinciales et fédérales. Ce poste a donc un impact à plusieurs niveaux et ce, pour tous les cours de microbiologie du Département des sciences expérimentales.

Nous tenons aussi à vous rappeler que la compétence de nos étudiants du programme coop de l’USB est reconnue par les employeurs dans des laboratoires de recherche à l’échelle nationale comme étant de la plus haute qualité. La preuve en est que plusieurs d’entre eux ont reçu des bourses et des prix pour leur travail effectué pendant leurs stages. D’autres ont présenté à des colloques scientifiques nationaux et ont publié des articles, ce qui est chose rare pour un étudiant de premier cycle. Bien que le nombre d’inscriptions dans ce programme soit pour le moment limité, rappelons que beaucoup de travail a dû être accompli pour créer des liens avec la communauté scientifique et pour mettre sur pied les politiques et procédures requises pour bien encadrer les étudiants. Cette dernière étape est maintenant franchie et, avec de la publicité

adéquate pour ce programme (ce qui n’a pas été fait à pleine échelle jusqu’à aujourd’hui), nous sommes maintenant dans une bien meilleure position pour y attirer davantage d’étudiants.
Malheureusement, avec la coupure du poste de coordination, tout le travail de mise en œuvre de ce programme et tous les liens établis avec la communauté scientifique risquent d’être rompus de manière définitive et nuire à la réputation de notre établissement.

Avec l’adoption récente du Plan pour le développement académique cohérent, nous aurions espéré une plus grande vision de la part de l’administration à l’égard de la valeur de ces postes d’enseignement et des programmes d’études qui y sont rattachés. Aucune université manitobaine n’a coupé dans ses programmes, en dépit de coupures budgétaires identiques. Les mesures préconisées dans le budget actuel sont en contradiction flagrante avec le Plan pour le développement académique cohérent car elles imposent deux options inacceptables : suspendre le volet coop ou envoyer nos étudiants à l’Université du Manitoba pour qu’ils puissent y faire leurs stages. De plus, elles ne tiennent pas compte de la réalité et des défis auxquels font face les élèves francophones du Manitoba ni de l’importance de la formation de futurs enseignants, particulièrement en mathématiques. Nous vous prions de considérer une révision du budget proposé afin de conserver ces deux postes.

Nous vous remercions, Monsieur le Président du Bureau des gouverneurs et Monsieur le Recteur, de l’attention que vous porterez à la présente et vous prions d’accepter nos salutations distinguées.

Cordialement,

Danielle de Moissac,
Au nom du corps professoral de la Faculté des sciences

Cc : Membres du Bureau des gouverneurs,
Vice-recteur à l’administration,
Vice-recteur à l’enseignement et à la recherche,
Doyen de la Faculté des sciences et de la Faculté des arts
Présidents de l’APPUSB, de l’APETP et du PASA-USB
Président de l’Association des étudiants de l’USB

Sources : Manitoba students still Canada’s worst in reading, math and science; Le rendement des jeunes du Canada en sciences, en lecture et en mathématiques (Tableaux 1.7 et 2.3); Report on the Pan-Canadian Assessment of Reading, Mathematics, and Science (Tableaux 2.1 et 3.1).