Merci Jean pour toutes ces années comme Président

Jean Valenti s’est désisté de la présidence de l’APPUSB en mai 2022, après plusieurs décennies de service. En 2018, Jean songeait déjà à céder sa place et c’est à cette occasion que David Alper lui avait écrit un hommage. En voilà quelques extraits.


Bonjour, aujourd’hui, nous devons rendre hommage à Jean Valenti, après 8 années comme président de l’APPUSB, Jean cède sa place. Je ne suis pas un grand orateur, mais j’aimerais partager avec vous quelques mots à propos de Jean, du travail qu’il a réalisé et des valeurs qu’il a défendues.

Vous savez peut-être que Jean a fait des études doctorales et postdoctorales sur l’œuvre de Samuel Beckett, connu surtout pour sa pièce, En attendant Godot.

On dit de cette œuvre qu’elle a « révolutionné le théâtre moderne. La trame de la pièce est simple. Deux jours d’affilée, deux hommes à l’allure de vagabonds attendent sur le bord d’un chemin, au milieu de nulle part, un certain monsieur Godot. Ils ont l’espoir que ce dernier va les sauver. Qui est ce Godot? Personne ne le sait. Pourquoi les protagonistes cherchent-ils une rédemption? Aucune réponse. »

Cette pièce absurde, existentielle et surréaliste ressemble parfois au travail syndical. Je pense notamment aux négociations interminables de notre convention collective, où l’on attend, l’on attend, l’on attend que quelque chose se passe, et l’on a souvent l’impression qu’on fait face à de l’incompréhension totale et même à de l’absurdité.

Pour citer l’article de Jean, « Altérité et situation cognitive : L’innommable de Samuel Beckett », comme il l’a si simplement exprimé :

Les savoir-être, entrent alors en scène et permettent de maintenir le contact avec les signes autres, maintenir le contact comprenant ici deux dispositions complémentaires vis-à-vis de l’altérité : d’une part, apprécier de façon métaréflexive la distance entre la familiarité de notre monde mental et l’univers de différence des signes des autres ; d’autre part, apprécier cette distance dans la perspective de la dialectique paradoxale d’ouverture et de perte décrite plus haut.

Jean Valenti, « Altérité et situation cognitive : L’innomable de Samuel Becket » dans Dominique Laporte (dir.), L’Autre en mémoire, Québec, Presses de l’Université de Laval, 2006, p. 209

Bon, je pense que je ne vais pas changer de discipline, je vais rester dans le travail social…

Plus sérieusement, je ne sais pas si vous vous rendez à quel point le travail du président de notre syndicat est très exigeant, tout le travail qui se fait dans l’ombre pour défendre les intérêts de nos membres, exigeant non seulement en terme d’énergie et de temps, mais comment ça exige des aptitudes avancées de communication, de résolution de conflits (il a été médiateur de quelques-uns au courant des années), une connaissance très approfondie de notre convention collective, d’être fin stratège, et d’avoir le courage d’intervenir sur la place publique pour défendre le bien commun et la justice sociale.

Pour paraphraser l’ancien président Kennedy, Jean ne demande pas ce que le syndicalisme peut faire pour lui, il demande plutôt ce qu’il peut faire pour le syndicalisme.

Et si nous prenons souvent pour acquis le travail réalisé par le président de notre syndicat, il en est de même pour le syndicalisme en général. Si vous me permettez, il n’est pas inutile de rappeler que nous devons au mouvement syndical plein de droits que nous prenons souvent pour acquis. Même s’il est loin d’être parfait, nous devons au mouvement syndical, entre autres : la fin de semaine, la journée de travail de huit heures, le droit au respect des employeurs, des salaires décents et des conditions de travail dignes, des vacances payées, l’assurance emploi, les pensions de vieillesse, des politiques contre la discrimination et le racisme, les lois sur l’équité salariale (une lutte qui est loin d’être gagnée), les politiques contre le harcèlement sexuel, et j’en passe.

Nous constatons aujourd’hui les effets néfastes des politiques d’austérité d’un gouvernement provincial antisyndical, qui s’attaque aux conditions de travail et aux salaires des employés du secteur public, s’attaque à la qualité et à l’accessibilité de l’éducation postsecondaire, et sabre les services sociaux et de santé. Nous avons du pain sur la planche.

Je crois qu’il n’est pas exagéré de dire que c’est cette vision du syndicalisme que Jean a toujours défendue Nous devons donc te remercier chaleureusement, Jean, pour toutes tes années de travail comme président de l’APPUSB.

Et Jean, en attendant Godot, on aimerait t’offrir un petit cadeau qui fera mieux passer le temps, les trois tomes des lettres de Beckett, pour te remercier de tout ton travail.


Merci à toi Jean pour toutes ces années de dévouement, de travail acharné et de leadership.