La parité des conditions professionnelles, une question d’équité linguistique

Les professeur.e.s et professionnel.le.s de l’Université de Saint-Boniface travaillent depuis près d’un an sans convention collective. Il n’y a pas si longtemps, au cours de l’été 2023, les membres de l’APPUSB avaient déjà organisé une mobilisation qui leur avait permis d’obtenir un large soutien du monde académique et de la communauté francophone, car tous reconnaissent l’importance de préserver l’excellence de la recherche et de l’enseignement postsecondaire pour tous les francophones du Manitoba. 

Cette mobilisation s’est concrétisée, le 5 septembre 2023, par l’adoption de notre convention 2020-2024. Elle avait permis de réduire l’écart qui nous séparait de nos comparables, tels que les enseignants de rang 7 de la Division scolaire franco-manitobaine pour les professionnel.le.s enseignant.e.s et les professeurs des Universités de Winnipeg et Université du Manitoba pour les professeur.e.s régulier.e.s.

Cependant, la situation de nos professeur.e.s et professionnel.le.s ne s’est pas améliorée sur plusieurs points. Les professeur.e.s et professionnel.le.s doivent être bilingues lorsqu’ils travaillent en milieu minoritaire. Leur travail comprend souvent une charge d’enseignement plus lourde que les professeurs d’autres institutions manitobaines alors qu’ils ne gagnent environ que 84 % (16 % de moins) de leurs homologues. Surtout, les membres de l’APPUSB demandent une meilleure reconnaissance du principe de collégialité, c’est-à-dire le respect des expertises respectives et la prise en considération de l’avis du corps professoral, des professionnels et des étudiants, les parties les plus directement concernées par la mission d’excellence en recherche et en enseignement de l’université, aux instances décisionnelles de l’institution. 

Les multiples rencontres au cours des derniers mois n’ont pas abouti car la partie patronale ne semblait pas vouloir aborder ni un allègement des charges, ni la réduction de l’écart salarial qui nous sépare de nos homologues, ni la collégialité, ni même de simples questions comme la réévaluation du travail engagé pour les laboratoires ou la régularité des congés sabbatiques pour les professeur.e.s régulier.e.s. 

Nous refusons de laisser l’écart entre nos conditions de travail et celles de nos homologues se creuser toujours plus. 

Nous rejetons l’idée de devoir, à chaque ronde de négociation collective, ré-expliquer qu’il est injuste de nous imposer une charge de travail plus lourde, de refuser toute discussion de la collégialité tout en nous rémunérant environ 15 % moins que nos homologues. 

Nous refusons de croire que des conditions de travail à rabais puissent garantir la viabilité de l’institution et pensons, au contraire, qu’un environnement équitable offre les meilleures chances d’attirer et de retenir les talents nécessaires pour former les étudiants de demain. 

Aujourd’hui, nous demandons à faire reconnaître nos qualifications et nos compétences professionnelles et nous considérons que c’est une question d’équité linguistique que de reconnaître que des professeur.e.s et des professionnel.le.s francophones, dont le travail est équivalent, voire plus lourd encore, méritent des conditions de travail comparables. 

Nous ne souhaitons pas la grève, mais plutôt une convention collective équitable digne d’« un employeur de choix ». Nous sommes cependant prêts à débrayer si nous sommes conduits dans une impasse. Notre mobilisation ne vise rien d’autre qu’à assurer les conditions de travail et les conditions d’apprentissage indispensables à la vitalité intellectuelle de la communauté francophone au Manitoba. 

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